Saint-Jérôme, 28 septembre 2023 – Rassemblé avec plus d’une centaine de personnes issues de ses membres dans le contexte de sa tournée de la rentrée, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) n’a pu que constater l’amplification de la détresse sociale. Les organismes communautaires sont placés aux premières loges de ce phénomène social autant grandissant qu’inquiétant et les Laurentides n’y font pas exception.
« La conjoncture actuelle n’est évidente pour personne, mais elle complique de manière accrue le quotidien des personnes les plus vulnérables. Dans un contexte post-pandémique où l’isolement s’est tranquillement imposé comme une norme, l’état de santé mentale de la population demeure fragile. À cela s’ajoute un taux d’inflation élevé qui impacte directement la capacité des ménages à maintenir leur niveau de vie. » explique Sophie Dion, présidente du ROCL.
Des exemples de toutes sortes confirment la situation. Une coordonnatrice d’un organisme offrant un service de camp de jour témoigne de son inquiétude devant la précarité exacerbée de nombreux participants. Bien que les coûts du camp de jour soient couverts de moitié par une subvention, cet été, plusieurs familles ont dû faire le choix déchirant de retirer leurs enfants du camp parce que manger devenait plus important.
La crise du logement ne semble pas non plus avoir dit son dernier mot. Au-delà des ménages, les organismes qui soutiennent ces derniers se retrouvent souvent eux-aussi devant l’obligation de se relocaliser. Au stress, s’ajoute la difficulté de trouver des locaux qui soient appropriés à la réalisation de leur mission tout en demeurant abordables.
Madame Dion insiste sur le fait que ce contexte difficile complique grandement le travail des groupes communautaires qui se retrouvent confrontés à de nouvelles formes de détresse qui complexifient les enjeux auxquels ils sont habitués de faire face. « On constate de nouveaux enjeux et de nouveaux visages. Des personnes qu’on ne voyait pas nécessairement avant ont besoin de nos services. Le hic, c’est que les organismes communautaires ne devraient pas avoir à prendre cette responsabilité curative. Nous, on est censés faire de la prévention ». À cela, s’ajoutent des ressources humaines et financières limitées qui ne permettent pas de répondre aux demandes qui se multiplient et qui confrontent les organismes à faire des choix souvent déchirants. Une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) réalisée en 2001 rapportait que près d’un groupe sur cinq au Québec est dans une situation précaire en raison du sous-financement et de la pandémie et que le quart de ceux-ci sont dans une situation mettant en danger leur existence.
Dans le contexte actuel où la CAQ s’affaire à réformer le système de santé avec son projet de loi 15, le ROCL insiste sur la nécessité de protéger le caractère public des services. « Les visées du gouvernement actuel ne sont même pas cachées. On le voit quand Monsieur Dubé parle des “top guns du privé” pour diriger l’Agence Santé Québec, on le voit quand la commissaire à la santé et au bien-être Joanne Castonguay affirme que la transformation du système de santé passe par davantage de partenariats public-privés. On voit la volonté à travers le projet de loi 15 de centraliser, de contrôler et d’ouvrir la porte au privé. Pourtant, l’accès à des services publics de santé à toutes et tous, peu importe leur capacité de payer est un droit pour lequel les groupes sociaux se battent depuis plus de 50 ans au Québec ». ajoute Farah Wikarski, agente de liaison au ROCL. Les services publics sont le dernier rempart d’une société où le fossé se creuse de plus en plus entre riches et pauvres.
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