Saint-Jérôme, 29 mars 2023 – Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) réagit au dernier budget de la CAQ qui, une fois de plus, démontre clairement l’absence de volonté politique à soutenir le filet social québécois.

Un investissement de 36 millions de dollars a été annoncé pour l’ensemble des 3000 organismes financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, ce qui représente seulement 9,7 % du rehaussement demandé des 370 millions réellement nécessaires. Avec un rehaussement en moyenne de 12 000 $ par année, le ministre Lionel Carmant, responsable des Services sociaux, est loin de permettre aux organismes communautaires autonomes de faire face aux immenses défis auxquels ils sont actuellement confrontés.

«C’est insensé ! Avec les sommes annoncées, les organismes n’auront pas les outils à leur portée pour assurer un salaire décent ni recruter du personnel pour répondre aux besoins grandissants de leurs communautés. Plusieurs activités sont déjà en péril ou réduites. Ultimement, elles seront peut-être tout simplement annulées, surtout dans le contexte d’inflation que l’on connaît présentement[1]» déplore Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL.

Rappelons que l’Observatoire de l’ACA rapportait récemment que les organismes communautaires arrivent à un point de rupture[2] menant à des interruptions d’activités, voire à des fermetures. 97 % des organismes vivent des difficultés en lien avec la charge de travail alors que 83 % des organismes auraient besoin d’embaucher du personnel supplémentaire, une moyenne de 2,8 personnes par organisme.

La proportion du financement dédiée à la mission globale à son plus bas niveau

Le financement à la mission des organismes permet à ces derniers de déployer des activités et des programmes qui répondent directement aux besoins de leurs membres et de rester pleinement autonomes. Cependant, la part du financement à la mission globale a régressée depuis 2009, au profit du financement par projets et du financement par ententes. Elle est passée en dessous de 53 % en 2021 alors que les organismes d’action communautaire autonome demandent qu’une proportion minimale de 80 % soit dédiée au financement à la mission globale[3].

«Comment voulez-vous que les organismes communautaires autonomes puissent soutenir les personnes vulnérables s’ils sont en constante rédaction de projets temporaires, offrant des emplois temporaires et créant des réponses temporaires aux besoins profonds des communautés?» questionne Christine Richard, présidente du ROCL. “Avant que la situation ne se dégrade davantage dans l’ensemble des organismes et dans la population, il est urgent que le gouvernement du Québec s’engage à réellement soutenir le travail essentiel que nous faisons partout au Québec auprès des gens, de plus en plus nombreux, à vivre des difficultés.” conclu-t-elle.


[1]  Institut de la statistique du Québec : L’IPC se chiffrait à 6,7 % en 2022. https://statistique.quebec.ca/fr/document/indice-prix-consommation-ipc/tableau/indice-des-prix-a-la-consommation-ipc-indice-ensemble-canada-quebec-rmr-montreal-quebec-donnees-mensuelles-non-desaisonnalisees

[2]  https://observatoireaca.org/wp-content/uploads/2022/05/OACA_Rapport-sondage-2021.pdf

[3] Mémoire prébudgétaire 23-24 du RQ-ACA, L’action communautaire autonome: vers une reconnaissance à la hauteur des besoins p.13