Après un été de feux de forêts et de bouleversements de toutes sortes, la rentrée littéraire aux Éditions du Quartz nous offre deux titres campés dans le territoire : Solstice arrive de Sébastien Auger et Un poète chez les éleveurs de pickups de Michel X Côté.

Dans son troisième recueil, en librairie le 12 septembre, Sébastien Auger allie puissamment poésie et philosophie et questionne ce qui, du vivant, hante nos mémoires dans cette traversée faite de collections. Le recueil se dresse comme une lisière avant la paix, l’aveu de ce qui ne peut être consigné que dans les carnets de celui qui observe. Des dents tombent, une voix se casse, une autre émerge, celle de la permutation, de l’entre- deux. Sans créer de remous, ce qui meurt poursuit son élan, créant des cycles, des saisons, des animaux, une forêt. En elle, un homme dresse l’inventaire de ses oiseaux, un fusil à la main, une caresse dans l’autre. Il s’agit du premier titre à paraître sous la gouverne de Vanessa Bell, directrice de la collection Poésie depuis novembre 2022.

Puis, le 26 septembre sortira en librairie le deuxième titre de la collection Brûlot, après le nécessaire Arsenic mon amour : Un poète chez les éleveurs de pickups, un « essai décousu main » de Michel X Côté. Savons-nous où nous habitons vraiment ? La simple expression « regarder dehors » a-t-elle encore un sens en ces temps étriqués ? La voracité extractiviste est sans frein. Devant le peu d’échos que ça suscite en ce presque-pays, l’auteur se risque à tirer quelques fils — blancs ou barbelés, c’est selon — des cagoules idéologiques sous lesquelles nous nous croyons en sécurité.

Extrait de Solstice arrive :

Je n’irai plus en ville

Il faudra faire sans moi

Le ciel est trop large pour être comblé

par d’autres aiguilles

que celles brûlées vertes

Elles ne livrent jamais entièrement leur esprit de rivière en dérision arrosée par les loups

La honte d’espérer demain s’attable à la tempête

Je prendrai alors les ailes pour des trous

Extraits de Un poète chez les éleveurs de pickups :

« Le moindre espace est un royaume. Vient l’heure de coucher les rois, les tsars, les présidents et autres super-ministres de la désolation et des ruines. L’empereur ne peut rien contre la terre et la course des heures. Comme aux siècles de la Chine ancienne, chaque catastrophe dite naturelle annonce la fin d’un empire. Tout tombe si on sait voir vraiment. Pas la peine de faire semblant de ne pas avoir peur en rinçant le moteur à chaque feu rouge. »

« J’ai vu au supermarché un bébé de trois jours tout fripé encore d’être né. Cet enfant ne saura pas que, devant une borne de paiement automatisée, un obscur poète lui a souhaité de connaître sur ses lèvres le goût de la terre inviolée. Puisse l’immensité être son territoire de vie et la forêt sa langue maternelle. »

PUBLICITÉ